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FESTIVAL D’IDÉES ET DE CRÉATION CONTEMPORAINE
29.06 → 03.07 2023
Dieppe, Normandie

Programme 2023

Jeudi 29 juin 2023

Avec Catherine Radosa, artiste, Clémence Hollemaert, paysanne-herboriste en permaculture, Collectif Rotule, artistes sonores

Vendredi 30 juin 2023

Avec Stéphanie Garzanti, autrice, Paula Valero Comin, artiste, Rose Mahé Cabel, artiste, performeur·euse non binaire

Samedi 1er juillet 2023

Avec Xavier Wrona, architecte, Alexandre Monnin, philosophe, Paul Guillibert, philosophe, Jean-Marie Durand, journaliste et auteur, Elio Della Noce, cinéaste, poète. Projections « Cinémas animistes et technochamanisme » et Ruptures d’Arthur Gosset

Dimanche 2 juillet 2023

Avec Simona Dvorak & Tadeo Kohan, curateurs et historiens de l’art, Patrice Maniglier, philosophe, Mohamed Amer Meziane, philosophe

Lundi 3 juillet 2023

Avec Fatima Ouassak, politiste et militante écologiste, Corinne Morel Darleux, autrice, essayiste écosocialiste. Projection « Pédagogies expérimentales » (Filipa Cesar & Sónia Vaz Borges, Jean-Michel Carré & Adam Schmedes)

01/07

Dimanche 2 juillet 2023

03.07

02.07.2023

10h30 → 12h30

Pelouse du château-musée de Dieppe, entrée libre

choralités - atelier de la parole et de l'écoute - un partage de récits invisibles

avec Simona Dvorák & Tadeo Kohan, curateurs et historiens de l’art

« Devons-nous remettre en question la mémoire et son histoire en créant une autre narration, une autre perspective ? Ou pouvons-nous jouer avec les connexions et les associations pour réécrire l’histoire ? Comment restaurer la solidarité dans le cadre du processus de guérison ? » (Zami, a Radio Program by Saffina Rana and Saddie Choua, 2021)

Au cours de l’atelier choralités, imaginé par les curateur.ice.s simona dvorák et tadeo kohan, nous développerons des scénarios de stratégies possibles pour tisser de nouveaux récits à Dieppe. Nous invitons les participant.e.s à apporter leurs propres histoires et récits invisibles – sous forme de textes, poèmes, musiques, images, archives ou objets – liés à l’histoire de la ville de Dieppe (politique, sociale, historique, familiale ou personnelle). Nous lirons et partagerons ensuite ces contenus variés afin de réfléchir à la manière dont de nouveaux récits collectifs et imaginaires peuvent émerger, à travers différentes voix et subjectivités.

Cet atelier est conçu comme une prolongation du sujet de l’exposition choralités installée actuellement à la Maison populaire à Montreuil. Le projet propose d’explorer la relation entre mémoires, musiques, paroles et histoires. Tissant une polyphonie de récits oraux et chantés, l’exposition aborde le potentiel de la voix comme outil collectif face aux violences verticales du pouvoir, de la répression policière, des migrations forcées, du racisme ou de l’homophobie. La parole y apparaît comme une force dissidente et multiple, un souffle invisible et inarrêtable de résistance, de solidarité, d’apaisement et de transmission.

Cet atelier sera réalisé en partenariat avec Mobiles Mémoires Dieppe. Au cours de l’été 2022, 20 jeunes Franciliens et Dieppois se sont rencontrés pour explorer des zones peu connues de l’histoire de la ville de Dieppe, témoins de longs échanges du territoire avec les autres parties du monde. À partir d’archives, d’objets de musées et de lieux de mémoires, ils ont créé trois courts-métrages autour de l’histoire de l’Ivoire de Dieppe, du voyage des frères Parmentiers et du départ des filles du Roy. Mobiles Mémoires est un programme socio-culturel développé par Alter Natives depuis 2018 qui permet ce type d’exploration dans trois villes portuaires chaque année. (en savoir plus)

Simona Dvorak & Tadeo Kohan

Simona Dvorák est une curatrice et historienne de l’art interdépendante basée à Paris. Elle emploie des formats performatifs, sonores/radiophoniques et vidéo, spécifiques au contexte territorial et temporaire avec la valorisation du travail collectif à long terme. Curatrice pour l’Initiative for Practices and Visions of Radical Care (fondée par Nataša Petrešin-Bachelez et Elena Sorokina), elle a fait partie du programme Art and Education de la documenta fifteen, et a collaboré avec Biljana Ćirić et Balkan Projects pour le pavillon serbe de la 59e Biennale de Venise. Elle est chargée de la programmation de la prospective et de l’innovation sociale au Centre Pompidou.

Tadeo Kohan est un commissaire d’exposition indépendant travaillant entre Paris et Genève. En 2018, il co-fonde la plateforme curatoriale Collectif Détente avec Gabrielle Boder. En 2019, il est attaché de conservation au Cabinet d’art graphique du Centre Pompidou-Paris pour les collections modernes et contemporaines. Il enseigne depuis 2020 à la HEAD – Haute École d’art et de design de Genève.

02.07.2023

14h → 15h30

Pelouse du château-musée de Dieppe, entrée libre

Cosmopolitique : Sommes-nous citoyens du monde ou de la Terre ?

Club de lecture avec Patrice Maniglier, philosophe

L’hypothèse cosmopolitique est l’hypothèse de droits, de droits positifs (c’est-à-dire tels que des puissances publiques se chargent de les faire respecter), qui seraient attribués à certains êtres immédiatement du seul fait qu’ils font partie du monde. De manière plus forte encore, elle est l’idée que nous sommes des sujets politiques dans la mesure où nous nous occupons du monde tout entier. Le mot « cosmopolite », étymologiquement citoyen (polis) du monde (cosmos), a été inventé par le philosophe cynique Diogène de Sinope. Il a connu de nombreuses vicissitudes et a fait retour de nos jours pour signifier quelque chose comme un sentiment d’appartenance qui dépasse les limites de l’État national et se revendique de l’humanité en général. Mais on peut se demander si le fondement du cosmopolitisme dont nous avons besoin aujourd’hui est bien la catégorie d’humanité, et non pas plutôt la catégorie de terrestrialité. Le but de cette rencontre sera d’aborder les questions que soulève un cosmopolitisme contemporain.

Lire un extrait du texte pour préparer la séance

« TROISIÈME ARTICLE DÉFINITIF D’UN TRAITÉ DE PAIX PERPÉTUELLE.

Le DROIT COSMOPOLITIQUE doit se borner aux conditions d’une hospitalité universelle.

Ici, comme dans les articles précédents, il ne s’agit pas de philanthropie, mais de droit, et en ce sens hospitalité[ndt 17] signifie le droit qu’a tout étranger de ne pas être traité en ennemi dans le pays où il arrive. On peut refuser de le recevoir, si l’on ne compromet point par là son existence ; mais on ne peut agir hostilement contre lui, tant qu’il demeure pacifiquement à sa place. Il ne s’agit point d’un droit d’être admis au foyer domestique[ndt 18] auquel il pourrait prétendre (car il faudrait pour cela des conventions particulières, grâce auxquelles il serait généreusement admis à devenir pour un temps l’hôte de ce foyer), mais seulement du droit de visite[ndt 19] ou du droit de s’offrir à faire partie de la société, lequel appartient à tous les hommes, en vertu de celui de la possession commune de la surface de la terre. Car, à cause de la forme sphérique de cette surface, ils ne peuvent s’y disperser à l’infini, et ils sont forcés à la fin de se souffrir les uns à côté des autres ; mais originairement personne n’a plus de droit qu’un autre à un bien de la terre. — Les parties inhabitables de cette surface, la mer et les déserts, divisent cette communauté ; mais le vaisseau et le chameau (ce vaisseau du désert) permettent aux hommes de traverser ces régions sans maître, pour se rapprocher les uns des autres, et d’utiliser pour lier commerce entre eux le droit que possède en commun toute l’espèce humaine de jouir de la surface de la terre. L’inhospitalité des habitants des cotes (des côtes barbaresques, par exemple), qui s’emparent des vaisseaux naviguant dans les mers voisines ou réduisent les naufragés à l’esclavage, ou celle des habitants du désert (des Bédouins de l’Arabie), qui s’arrogent le droit de piller tous ceux qui approchent de leurs tribus nomades, est donc contraire au droit naturel ; mais le droit d’hospitalité, c’est-à-dire la faculté d’être reçu sur une terre étrangère ne s’étend pas au-delà des conditions qui permettent d’essayer de lier commerce, avec les indigènes. — C’est de cette manière que des régions éloignées les unes des autres peuvent contracter des relations amicales, qui finissent par recevoir la sanction des lois publiques, et le genre humain se rapprocher insensiblement d’une constitution cosmopolitique.

Si maintenant on examine la conduite inhospitalière des États de l’Europe, particulièrement des États commerçants, on est épouvanté de l’injustice qu’ils montrent dans leur visite aux pays et aux peuples étrangers (visite qui est pour eux synonyme de conquête). L’Amérique, les pays habités par les nègres, les îles des épiceries, le Cap, etc., furent, pour ceux qui les découvrirent, des pays qui n’appartenaient à personne, car ils comptaient les habitants pour rien. Dans les Indes orientales (dans l’Indostan), sous prétexte de n’établir que des comptoirs de commerce, les Européens introduisirent des troupes étrangères, et par leur moyen opprimèrent les indigènes, allumèrent des guerres entre les différents États de cette vaste contrée, et y répandirent la famine, la rébellion, la perfidie et tout le déluge des maux qui peuvent affliger l’humanité.

La Chine[10] et le Japon, ayant fait l’essai de pareils hôtes, leur refusèrent sagement, sinon l’accès, du moins l’entrée de leur pays ; ils n’accordèrent même cet accès qu’à un seul peuple de l’Europe, aux Hollandais, et encore en leur interdisant, comme à des captifs, toute société avec les indigènes. Le pire (ou, pour juger les choses au point de vue de la morale, le mieux), c’est que l’on ne jouit pas de toutes ces violences, que toutes les sociétés de commerce qui les commettent touchent au moment de leur ruine, que les îles à sucre, ce repaire de l’esclavage le plus cruel et le plus raffiné, ne produisent pas de revenu réel et ne profitent qu’indirectement, ne servant d’ailleurs qu’à des vues peu louables, c’est-à-dire à former des matelots pour les flottes et à entretenir ainsi des guerres en Europe, et cela entre les mains des États qui se piquent le plus de dévotion et qui, en s’abreuvant d’iniquités, veulent passer pour des élus en fait d’orthodoxie.

Les relations (plus ou moins étroites), qui se sont établies entre tous les peuples de la terre, ayant été portées au point qu’une violation du droit commise en un lieu se fait sentir dans tous, l’idée d’un droit cosmopolitique ne peut plus passer pour une exagération fantastique du droit ; elle apparaît comme le complément nécessaire de ce code non écrit, qui, comprenant le droit civil et le droit des gens, doit s’élever jusqu’au droit public des hommes en général, et par là jusqu’à la paix perpétuelle, dont on peut se flatter, mais à cette seule condition, de se rapprocher continuellement.

(…)

La question qui se présente maintenant touche à ce qu’il y a d’essentiel dans la poursuite de la paix perpétuelle : c’est de savoir « ce que la nature fait dans ce dessein, pour conduire l’homme au but, dont sa propre raison lui fait un devoir, et par conséquent pour favoriser son intention morale, et par quelle espèce de garantie elle assure l’exécution de ce que l’homme devrait faire, mais ne fait pas, d’après les lois de sa liberté, de telle sorte qu’il soit forcé de le faire, nonobstant cette liberté, par une contrainte de la nature, qui s’étende aux trois relations du droit public, le droit civil, le droit des gens et le droit cosmopolitique. » — Quand je dis que la nature veut qu’une chose arrive, cela ne signifie pas qu’elle nous en fait un devoir (car il n’y a que la raison pratique qui, échappant elle-même à toute contrainte, puisse nous prescrire des devoirs), mais qu’elle le fait elle-même, que nous le voulions ou non (fata volentem ducunt, nolentem trahunt).

  1. Lors même qu’un peuple ne serait pas forcé par des discordes intestines à se soumettre à la contrainte des lois publiques, il y serait réduit par la guerre extérieure ; car, d’après les dispositions de la nature dont nous avons parlé précédemment, chaque peuple trouve devant lui un voisin qui le presse et l’oblige de se constituer en État, pour former une puissancecapable de lui résister. Or la constitution républicaine, la seule qui soit parfaitement conforme aux droits de l’homme, est aussi la plus difficile à établir et particulièrement à maintenir ; aussi beaucoup soutiennent-ils qu’il faudrait pour cela un peuple d’anges, et que les hommes, avec leurs penchants égoïstes, sont incapables d’une forme de gouvernement aussi sublime. Mais la nature se sert justement de ces penchants intéressés, pour venir en aide à la volonté générale, qui se fonde sur la raison, et qui, si respectée qu’elle soit, se trouve impuissante dans la pratique. Aussi suffit-il pour la bonne organisation de l’État (laquelle est certainement au pouvoir des hommes) de combiner entre elles les forces humaines de telle sorte que l’une arrête les effets désastreux des autres ou les annihile elles-mêmes, si bien que le résultat satisfait la raison, comme s’il n’y avait rien de pareil et que chacun se voit contraint d’être, sinon un homme moralement bon, du moins un bon citoyen. Le problème de la constitution d’un État peut être résolu, même, si étrange que cela semble, pour un peuple de démons (pourvu qu’ils soient doués d’intelligence) ; et voici comment il peut être posé : « Ordonner de telle sorte une multitude d’êtres raisonnables, qui tous désirent pour leur conservation des lois universelles, mais dont chacun est enclin à s’en excepter soi-même secrètement, et leur donner une telle constitution, que, malgré l’antagonisme élevé entre eux par leurs penchants personnels, ces penchants se fassent si bien obstacle les uns aux autres que, dans la conduite publique, l’effet soit le même que si ces mauvaises dispositions n’existaient pas. » Un tel problème ne peut être insoluble. La question, en effet, n’est pas de savoir comment on peut améliorer moralement les hommes, mais comment on peut se servir du mécanisme de la nature pour diriger de telle façon l’antagonisme de leurs dispositions hostiles, que tous les individus qui composent un peuple s’obligent eux-mêmes entre eux à se soumettre à des lois de contrainte, et établissent ainsi un état pacifique où les lois soient en vigueur. C’est ce que l’on peut voir même dans les États actuellement existants, si imparfaitement organisés qu’ils soient : dans l’extérieur de leur conduite, ils se rapprochent déjà beaucoup de ce que prescrit l’idée du droit, quoique les principes essentiels de la moralité n’y contribuent assurément en rien (aussi bien n’est-ce pas à celle-ci qu’il faut demander la bonne constitution de l’État, car c’est plutôt de cette constitution même qu’on doit attendre la bonne culture morale d’un peuple). Cet exemple montre que le mécanisme de la nature, lequel se révèle par des penchants intéressés qui, par leur essence même, sont extérieurement opposés les uns aux autres, peut être employé par la raison comme un moyen d’arriver à son propre but, aux principes du droit, et par là aussi de favoriser et d’assurer, autant que cela dépend de l’État même, la paix intérieure et extérieure. Il est donc vrai de dire ici que la nature veutd’une manière irrésistible que la victoire reste enfin au droit. Ce que l’on néglige de faire, elle finit par le faire elle-même, mais par des moyens fort déplaisants. — « Pliez trop un roseau, il se casse ; qui veut trop ne veut rien. » Bouterwek.
  2. L’idée du droit des gens suppose la séparationde plusieurs États voisins et indépendants les uns des autres ; et, quoiqu’une telle situation soit déjà par elle-même un état de guerre (si une union fédérative ne prévient pas les hostilités) elle est cependant préférable, aux yeux de la raison, à la fusion de tous ces États entre les mains d’une puissance qui envahit toutes les autres et se transforme en monarchie universelle. En effet, les lois perdent toujours en vigueur ce que le gouvernement gagne en étendue ; et un despotisme sans âme, après avoir étouffé les germes du bien, finit toujours par conduire à l’anarchie. Cependant il n’y a pas d’État (ou de souverain) qui ne désire s’assurer une paix durable, en dominant le monde entier, s’il était possible. Mais la nature veutd’autres moyens. — Elle en emploie deux, pour empêcher les peuples de se confondre et pour les tenir séparés, la diversité des langueset celle des religions[14]. Cette diversité contient, il est vrai, le germe de haines réciproques et fournit un prétexte à la guerre ; mais, par suite des progrès de la civilisation et à mesure que les hommes se rapprochent davantage dans leurs principes, elle conduit à s’entendre au sein d’une paix, qui n’est pas produite et garantie, comme celle du despotisme dont nous venons de parler (celle-là repose sur le tombeau de la liberté), par l’affaiblissement de toutes les forces, mais au contraire par leur équilibre au milieu de la plus vive opposition.

III. Si la nature sépare sagement les peuples que chaque État voudrait agglomérer, soit par ruse, soit par force, et cela d’après les principes mêmes du droit des gens, en revanche elle se sert de l’intérêt réciproque des différents peuples pour opérer entre eux une union que l’idée seule du droit cosmopolitique n’aurait pas suffisamment garantie de la violence et des guerres. Je parle de l’esprit de commerce[ndt 22], qui s’empare tôt ou tard de chaque peuple et qui est incompatible avec la guerre. De tous les moyens dont peut disposer la puissance publique, le pouvoir de l’argent étant le plus sûr, les États se voient forcés (sans y être, il est vrai, déterminés par les mobiles de la moralité) de travailler au noble ouvrage de la paix, et, quelque part que la guerre menace d’éclater, de chercher à la détourner par des médiations, comme s’ils avaient contracté à cet effet une alliance perpétuelle ; car les grandes associations pour la guerre ne peuvent avoir lieu que très-rarement et réussir plus rarement encore. — C’est ainsi que la nature garantit la paix perpétuelle par le mécanisme même des penchants naturels ; et, quoique cette garantie ne soit pas suffisante pour qu’on en puisse prédire (théorétiquement) l’avénement, elle suffit au point de vue pratique, et elle nous fait un devoir de tendre à ce but (qui n’est pas purement chimérique). »

(texte complet disponible ici :  https://fr.wikisource.org/wiki/Métaphysique_des_mœurs_(trad._Barni)/Tome_I/PERAD/De_la_paix)

 

Patrice Maniglier

Le philosophe Patrice Maniglier (Maître de Conférences à l’Université Paris Nanterre, auteur de Le Philosophe, la Terre et le Virus, Bruno Latour expliqué par l’actualité, Les Liens qui libèrent, 2021), propose d’aborder ces questions de manière originale, non pas à travers une conférence, mais à travers un groupe de lecture. Le groupe se réunira autour d’un texte célèbre d’Immanuel Kant, extrait du Projet de Paix Perpétuelle (1796), où il est question du cosmopolitisme. Après une présentation de la question qui l’a conduit à proposer ce texte et quelques éléments pour le situer dans son contexte, le philosophe Patrice Maniglier lira l’extrait et animera une discussion autour de lui. Il ne s’agira pas d’expliquer ou de commenter le texte, mais bien de l’utiliser comme base commune autour de laquelle on peut se réunir pour parler ensemble de ce qui nous préoccupe sans rien exiger de plus, pour entrer dans la conversation, que de dire quelque chose de pertinent relativement au texte commun, afin de ne préjuger d’aucun savoir ni d’aucune opinion particulière.

02.07.2023

15h30 → 17h

Pelouse du château-musée de Dieppe, entrée libre

Au bord des mondes

Rencontre avec Mohamed Amer Meziane, philosophe

Il ne suffit pas d’attribuer une âme aux plantes et aux animaux pour soigner les ravages de l’extractivisme. Encore faut-il élargir le spectre des non-humains au-delà du visible. Dragons et êtres souterrains, lieux des rêves ou réalités ultimes tiennent une place centrale dans les traditions vivantes qui peuplent cette terre. Pour vraiment les écouter, il est temps de rompre avec toute une série de présupposés qui encombrent l’anthropologie, à commencer par l’idée que les « indigènes » demeureraient inconscients des structures qui régissent leur vie collective. Afin de mettre en œuvre une « décolonisation des savoirs », le livre présenté invite à assumer la part métaphysique de la pensée et du réel. Seul un contact philosophique avec l’invisible, une pensée de ce qui se trouve au bord des mondes, permettra une double critique féconde – aussi bien des limites de la modernité que des traditionalismes qui s’exercent au nom de Dieu. Et s’il fallait à nouveau visiter le ciel pour réhabiliter la terre ?

Mohamed Amer Meziane

Mohamed Amer Meziane est philosophe et performer. Agrégé et docteur de la Sorbonne, enseignant à Columbia University, à présent professeur à Brown University.
Auteur Des empires sous la terre (La Découverte, 2021) et de nombreux articles, il est également membre du comité de rédaction de la revue Multitudes.

01/07
03.07

Programme 2023

Jeudi 29 juin 2023

Avec Catherine Radosa, artiste, Clémence Hollemaert, paysanne-herboriste en permaculture, Collectif Rotule, artistes sonores

Vendredi 30 juin 2023

Avec Stéphanie Garzanti, autrice, Paula Valero Comin, artiste, Rose Mahé Cabel, artiste, performeur·euse non binaire

Samedi 1er juillet 2023

Avec Xavier Wrona, architecte, Alexandre Monnin, philosophe, Paul Guillibert, philosophe, Jean-Marie Durand, journaliste et auteur, Elio Della Noce, cinéaste, poète. Projections « Cinémas animistes et technochamanisme » et Ruptures d’Arthur Gosset

Dimanche 2 juillet 2023

Avec Simona Dvorak & Tadeo Kohan, curateurs et historiens de l’art, Patrice Maniglier, philosophe, Mohamed Amer Meziane, philosophe

Lundi 3 juillet 2023

Avec Fatima Ouassak, politiste et militante écologiste, Corinne Morel Darleux, autrice, essayiste écosocialiste. Projection « Pédagogies expérimentales » (Filipa Cesar & Sónia Vaz Borges, Jean-Michel Carré & Adam Schmedes)