Alicja Rogalska, The Feast (2022, 41 min)

« The Feast » documente un festin métabolique, un dîner rituel commémorant la fin de la dépendance de l’humanité à l’égard des combustibles fossiles. Il se déroule dans un futur proche, lorsque les humains et les espèces qui les accompagnent récolteront et distribueront le surplus d’énergie généré par leur métabolisme et leurs mouvements. Autour de la table, les convives rassemblés consomment des combustibles fossiles et d’autres substances autrefois utilisées pour la production d’énergie, charbon, pétrole brut, diesel, lithium, uranium. Ce faisant, ils discutent des stratégies employées par la société dans le passé pour se sevrer des énergies sales et éviter la catastrophe climatique.

Alicja Rogalska est une artiste interdisciplinaire basée à Londres et à Berlin. Sa pratique est axée sur la recherche et se concentre sur les structures sociales et le sous-texte politique du quotidien. Elle crée des situations, performances, vidéos et installations en collaboration afin de rechercher collectivement des idées émancipatrices pour l’avenir.

Milena Bonilla, I Am Life and Life is Beautiful,  Eden Hotel (2022, 16 minutes)

L’herbier de Rosa Luxemburg (morte assassinée en 1919 à Berlin et militante socialiste, et communiste, théoricienne, pacifiste opposée à la 1ere Guerre Mondiale) est une archive sans équivalent, un herbier de prison, composé entre quatre murs, d’avril 1915 à octobre 1918.  Il fut constitué lors de promenades dans la cour de la prison, où Rosa Luxembourg glana quelques fleurs et mauvaises herbes et par  l’intermédiaire de l’envoi de ses amies intimes, de spécimens séchés ou de bouquets de fleurs fraîches qu’elle-même pressait. Sa fragilité en fait un témoignage de résistance, une fabrique de formes et de joie, un document sur le sentiment politique de la nature, fondement de toute écologie. « Trois mémoriaux dédiés à Rosa Luxemburg ont été visités à Berlin, dans le but de retrouver certaines des plantes décrites dans les carnets qui composent sa collection botanique. Une conversation filmée avec l’herboriste et danseuse Shelley Etkin tisse le corps et l’histoire du film de Milena Bonilla pour tenter de dévoiler les tissus intangibles du patrimoine. »

Milena Bonilla, née à Bogota, vit et travaille à Amsterdam. Elle est artiste visuelle, éducatrice et chercheuse indépendante. Sa pratique artistique est actuellement investie dans le colonialisme épistémique et les différentes façons dont son contexte historique et ses structures actuelles affectent les organismes, le langage, l’imagerie, les ordres sociaux et la perception de l’histoire elle-même. Elle s’intéresse également aux informations, aux pratiques et aux connaissances qui proposent et posent des questions particulières sur le langage et l’action en tant que propriétés ontologiques des seuls humains, et sur la manière dont ce précepte est ancré dans le mode de fonctionnement des politiques économiques du capitalisme. Son travail a été exposé, projeté et présenté ces dernières années, notamment à la Galeria Municipal do Porto, au Nest, à La Haye, au Framer Framed, à Amsterdam, à A Tale of a Tub, à Rotterdam, au Jewish Museum, à New York ; Museo del Oro Quimbaya, Armenia, Quindío (CO) ; MHKA, Anvers ; MACRO Museum, Rome ; European Social Science History Conference (ESSHC), Amsterdam ; Konsthall C, Stockholm ; Temporary Gallery, Cologne ; MOCO, Montpellier, et Kadist, San Francisco / Paris. Milena Bonilla enseigne actuellement à l’Académie Willem de Kooning à Rotterdam.

Deborah  Stratman – Last Things (2023)

Traversant le début et la fin du monde, Last Things nous propose le récit épique de la vie de la Terre, de sa formation minérale puis végétale et marine, jusqu’à l’avènement d’une civilisation minérale supérieure. Les récits imaginaires côtoient les histoires lointaines de la formation de la terre. « Last Things est une odyssée où chaque caillou est un être-monde, une grotte est une métropole futuriste, les schémas scientifiques sont des hiéroglyphes, où le tout nous traverse et nous rend aussi éternels que futiles. (…) Last Things nous laisse avec une promesse joyeuse : l’espoir nous survivra » Baume Moinet-Marillaud

L’artiste et cinéaste Deborah Stratman travaille sur les questions de pouvoir, de contrôle et de croyance. Ses projets récents portent sur la liberté, la surveillance, le discours public, les dolines, la lévitation, les orthoptères, les rapaces, les comètes, l’évolution, l’extinction, l’exode, la sororité et la foi.

Ses films et œuvres ont été exposés et récompensés dans le monde entier. Elle a reçu les bourses Fulbright, Guggenheim et United States Artist Fellowsh, le Herb Alpert Award in the Arts, le Sundance Art of Nonfiction Award et le soutien de Creative Capital, Graham Foundation, Harpo Foundation, Shifting Foundation et Wexner Center for the Arts. Elle enseigne à l’université de l’Illinois.

Riar Rizaldi, Fossilis (2023, 13 min)

Qu’est-ce qui sépare la Terre, l’esprit, le corps et les machines ? « Probablement rien », affirmait un archéologue du futur. Un aperçu d’un avenir lointain : à la recherche de la vérité ultime sur le passé, méditant avec son interface cerveau-machine composée d’un réseau neuronal rudimentaire, d’apprentissage automatique et de construction de mondes virtuels, un paléo-médias-ontologue, avec l’aide d’un chercheur, fouille et explore l’imaginaire du passé pour recontextualiser et refléter ce qu’on appelle les reliques fossiles de leur époque : une montagne de déchets électroniques invisibles enfouis dans un paysage tropical du Sud. Fossilis est un cinéma onirique, un pronostic fantasmagorique de science-fiction, un film-essai et un conte sur l’enfer verdoyant de l’héritage technologique, faisant écho à la complexité des déchets électroniques dans l’Asie du XXIe siècle, où la plupart des appareils électroniques mis au rebut – en raison de leur obsolescence programmée – sont déversés et enfouis. Produit par Hyundai Artlab pour le 5e VH Award 2023.